La Nourriture chez Miyazaki, épisode 1 – De la bouffe, encore de la bouffe

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Hayao Miyazaki, c’est un peu le big boss du Ghibli Game. Dans ses films, on retrouve pas mal de symboliques que ce soit au niveau de la famille ou des monstres. Pendant trois articles, on va surtout s’intéresser à la symbolique de la nourriture.

Alors oui, là, comme ça, ça parait bizarre. On est d’accord, une nouille c’est une nouille. Et bah non, erreur. Avec Miyazaki, une nouille ça peut être un tas de trucs, et c’est ça qu’on va étudier !

Donc : premier article, on va parler des formes sous lesquelles apparaissent la nourriture. Par là, j’entends à quels moments, et à quels endroits. On va aussi parler rapidement d’un cas tout particulier : les onigiris.

La nourriture dans les décors

Dans les décors, la nourriture participe à la mise en place de l’univers proposé par Miyazaki. De temps à autre, elle montre aussi une atmosphère, précise une situation ou ancre le récit dans une période de l’Histoire.

Dans Le Château dans le Ciel, la nourriture marque l’apparition du personnage de Pazu. On le voit devant l’étalage d’un marchant sur lequel se trouvent des baguettes de pain. Il est par la suite montré en train d’acheter des boulettes de viandes : à quoi vont elles servir ? À nourrir le boss. Avec ça, Miyazaki nous montre la dévotion du personnage pour son « maître », et l’importance que cet élément va avoir.

Dans Kiki la petite sorcière, on note une inspiration de la révolution industrielle occidentale de la part de Miyazaki. Effectivement, la ville s’inspire assez librement de l’Italie et de l’Europe du Nord, en rajoutant une petite touche germanique avec les pains façonnés de la boulangerie.

Dans Mon voisin Totoro, la nourriture c’est le contexte historique, en quelques sortes. Bien qu’on ne sache pas vraiment quand ça se passe, la grande présence de champs nous montre une ère agriculturale. Légumes, céréales, c’est une façon pour Miyazaki de donner de l’importance au terroir japonais.

La nourriture au cours des repas

On a vu ce qu’il en était de la nourriture de décoration, on passe à celle qui nous intéresse : celle que même qu’on la mange et on adore ça. Les repas, donc, c’est en général le meilleur moment pour les conversations importantes, profondes. Ces scènes permettent de comprendre le protagoniste et d’expliciter certains éléments scénaristiques.

Dans Princesse Mononoké, le repas que partagent Ashitaka et le Bonze, plat de riz si vous vous en souvenez, expose une situation importante au spectateur. On y parle d’un maléfice qui ronge le monde : c’est ça, l’enjeu pour lequel Ashitaka se bat.

Parfois, il arrive que ces scènes de repas fassent évoluer l’intrigue du film en se faisant le théâtre des situations d’importances.

Dans Le Château de Cagliostro, Lupin et Jigen enquêtent sur une jeune femme. Devinez quand ils trouvent enfin son identité ? Pendant qu’ils se disputent une assiette de pâtes au restaurant oui, tout à fait.

Dans Le vent se lève, on peut voir Jirô en train de manger du maquereau (comme disait ma professeure d’allemand : « das ist gut für die figure », ou un truc du genre). C’est là qu’il trouve, en tombant sur une arête, quelle forme utiliser pour la création de son avion.

La préparation des repas

On a fait la nourriture à l’achat, on a fait la nourriture qu’on mange, faisons maintenant l’entre-deux : la nourriture qu’on prépare.

Elles sont finalement assez rares, ces scènes, surtout si on compte le nombre de repas qu’on peut voir, mais elles servent systématiquement à mettre en valeur la personne qui cuisine. Généralement, il s’agit de la mise en scène d’un personnage féminin en plein effort, se donnant du mal pour sa famille, ses proches, ses amis. Gardez cet aspect en tête pour le prochain article, il sera important !

Je vous donne une petite liste d’exemple non-exhaustive mais sympathique, parce que sinon je vais me répéter dans mes descriptions. On a Sheeta dans Le Château dans le Ciel, Satsuki dans Mon voisin Totoro ou encore les deux mères de Kiki la petite sorcière et Ponyo sur la falaise.

Les onigiris

Donc, dans la culture japonaise, on connait surtout les takoyakis et les nouilles, mais en occident on pense plus facilement aux onigiris qu’à ces derniers. Façonnés à la main, ils font partie intégrante du folklore japonais.

Symbole culturel, ils sont souvent représentés dans les films et sont associés à la guérison, la loyauté, ou simplement à la magie. C’est un mets très populaire, vous pouvez l’imaginer, dans les histoires pour enfant.

Dans Le Voyage de Chihiro, l’héroïne accepte les onigiris que Haku lui offre. Cette simple nourriture la fait fondre en larmes : elle a suffit à lui faire remettre les pieds sur terre. Elle tire d’eux suffisamment de force pour sauver ses parents transformés en cochon et son ami transformé en dragon. Je veux pas dire mais vu comme ça, ça craint un peu d’être parmi ses proches, à la gamine.

Je me permets une citation de Miyazaki, en 2002, à propos de cette scène car il l’expliquera mieux que moi.

En tant qu’enfant ou que parent, vous comprenez que les onigiris sont une nourriture sculptée avec les mains de quelqu’un que vous connaissez dont les efforts inlassables vous ont donnés la vie.

On retient : onigiri = nourriture de l’amour. Pour lui, ils sont faits d’une émotion puissante qui aurait le pouvoir d’humaniser les personnages de ses histoires.

La nourriture de Miyazaki par les fans

Comme la plupart des gros succès culturel, surtout si ça vient du Japon (films d’animations, mangas, tout ça), les fans ont eu vite fait de s’en emparer.

Du coup, la nourriture de Miyazaki est de plus en plus présente sur les réseaux sociaux. En mars 2017, par exemple, le hashtag #GhibliFood a été lancé sur Instagram. Le but : préparer les plats vus dans les films et les poster. En photo. Pas à la poste. Trop d’humour à la rédaction de La Comté, vous avez pas idée. Sauvez-moi.

En plus de ce petit coup de pub gratuit pour Hayao Miyazaki, sachez qu’il vous est (devrais-je dire « était » ?) possible de manger Miyazaki. Du moins les plats de son univers, et c’est déjà pas mal.

Pour l’exposition japonaise de 2016, qui portait sur Miyazaki, un restaurant de Tokyo permettait de déguster un Makkuro Burger, en hommage aux noiraudes. Vous vous souvenez, des petites boules de poussières noires qu’on retrouve dans Mon voisin Totoro et Le Voyage de Chihiro. Vous pouviez aussi y trouver le Pain Laputa, issu de l’univers de Le Château dans le Ciel.

Plus récent, en 2017, Osaka est le théâtre d’une opération culinaire qui vise à faire préparer les plats des films sous la forme d’ateliers de cuisine traditionnelle. Four en bois, techniques anciennes, le tout payant avec des fonds reversés au projet World Theater Project. Le but ? Faire découvrir des films, cette fois-ci de Miyazaki, aux enfants des pays qui ne le permettent pas.

Prochain article…

On clôt ici ce petit exposé sur les différentes formes d’apparitions de la nourriture dans les films de Miyazaki.

Dans le prochain on parlera de deux éléments : la nourriture pour montrer les relations entre les personnages, et la nourriture pour marquer le rythme scénaristique du film.

Pour le second épisode, c’est ici !

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