Pierre Mondy, comédien mort en 2012 à Paris, aura eu l’occasion d’incarner César en 2009 pour la fameuse série d’Alexandre Astier, Kaamelott. Ses paroles figurent parmi les plus marquantes de la série. Son air naturel, enjoué, mais avec toujours une pointe de mélancolie, aura su nous faire frissonner et adorer ce personnage excentrique.
Livre VI – Épisode IV : Arturi Inquisito
César : On m’a dit qu’il fallait que je t’impressionne. Eh. Impressionner… Impressionner, impressionner, vous m’faites marrer que j’leur dis. Avec quoi est-ce que vous voulez que je l’impressionne au juste ? Alors tu sais ce qu’ils ont fait ? Ils m’ont mis une chemise propre. Eh. Tu dois te demander : « qu’est-ce que c’est que ce vieux con qui me fait traverser la moitié de la ville pour me parler de ses limaces ». Hein. Héhé. Eh bien le vieux con, il a sa tronche sur toutes les pièces de monnaie.
Arthur : Imperator ?
César : Imperator ! Ah… Voilà. Ah, ça fait du bien, crénom ! Oh… Ça me change de tous ces glands.
Bah, assieds-toi… On dirait que tu vas chanter une chanson. Alors. Milice urbaine ?
Arthur : Bah, oui.
César : Et avant ? La légion ?
Arthur : Trois ans. En Afrique.
César : Qu’est-ce que tu préfères ? La légion ou la milice ?
Arthur : Bah pff… La légion, parce que la milice…
César : Bah oui, boh. ‘Sert à rien la milice urbaine, j’le dis d’puis le début. ‘Paraît que t’es fortiche, en stratégie ?
Arthur : Baheu… J’ai tout lu quoi.
César : Tout lu quoi ?
Arthur : Comment, tout lu quoi ? Bah vos écrits. J’ai tout lu. J’connais tout par cœur.
César : Mes écrits sur la stratégie ? Pfft, c’est que d’la connerie.
Arthur : Ah bah heu non quand même…
César : Oui non non pardon. C’est pas d’la connerie maiheu… Déjà, la moitié est pompée sur Sun Tzu…
Arthur : Sur qui ?
César : Un chinetoque. Ahlala… M’parait bien loin tout ça.
Ah… Ça vieillit mal les héros.
Arthur : Ouais. Enfin, les connards aussi ça vieillit mal. Moi, franchement quitte à vieillir, j’préférerais être un héros comme vous. C’est comme les bouquins. ‘Mieux les pomper sur les chinetoques que d’pas les écrire.
César : … Te laisse pas faire Arthurus !
Arthur : C’est à dire ?
César : J’en sais rien, j’sais pas. Fais-en ce que tu veux, démerde toi. Te laisse pas faire. C’est tout. C’t’un ordre.
Livre VI – Épisode V : Dux Bellorum
Arthur : Je mérite pas d’être Chef de Guerre. Je mérite pas d’être Centurion. Je mérite même pas de faire son boulot à celle-ci qui passe ses journées à vous torcher le cul !
Helvia (servante) : Ça suffit maintenant hein !
César : Oh bah oui là quand même. Heu ouais.. Oh.
Helvia : Dux Bellorum ou pas, si vous voulez sortir de cette chambre par la peau du cul, j’ai besoin de personne.
César : Écoute moi, Arthurus.
Arthur : Non.
César : Écoute moi bon sang !
Arthur : Je mérite pas d’être chef.
Livre VI – Épisode VI : Nuptiæ
Arthur : Non mais écoutez. Moi, je veux bien qu’on aille faire un p’tit tour. Mais là, sur le forum.
César : Mais qu’est-ce que j’en ai à cirer du forum ? Je l’vois d’ma fenêtre.
Arthur : Mais où vous voulez aller alors ?
César : Dans le Ghetto.
Arthur : Dans le Ghetto, non mais vous êtes timbré ?
César : Quoi, t’y vas jamais toi dans le Ghetto ?
Arthur : Mais moi j’suis pas Chef Suprême de la première puissance mondiale moi. J’vais où j’veux moi.
(plus tard)
*César offre sa bague de contrôle des lames à Arthur*
César : Voilà. C’est pour t’apprendre à faire confiance à la magie. Parce que y’a que ça qui marche, sur Terre, Arthurus. La magie. Le reste, pfft. Ça vaut pas un rond.
Arthur : Bon ben… Qu’est-ce qu’il faut que je dise moi du coup ? Merci ?
*César lui remet sa tablette signée*
Livre VI – Épisode VIII : Lacrimosa
César : Des gamins de partout, plein la chambre. J’sais pas… Soixante, quatre-vingt. Des tout petits, de quatre ou cinq ans, et tous ensemble : « Ave votre tranquillité », alors moi comme un con : « Ave les enfants ». Alors, ça vous a plu, la visite du palais ? Qu’est-ce que vous avez vu de beau ? Euh, bref. Je raconte mes conneries habituelles, puis tout d’un coup j’en repère un, sur le devant, un p’tit mec, avec des mèches en pétard, et un p’tit paquet à la main. On aurait dit que, il faisait la gueule. « Comment tu t’appelles ? » Ptt, pas de réponse. « Ben, dis donc, il est drôlement joli ton paquet ». Oh, ni oui ni merde. « Tu veux pas me dire ce que c’est ? » « C’est un cadeau pour le général », qu’y me fait. Bah vous me croirez ou non, j’ai eu beau lui dire que c’était moi le général, y a pas eu moyen. Alors je l’ai pris tout seul avec moi, ça m’a pris la journée. J’ai montré mon uniforme, je l’ai emmené dans la salle des cartes, j’ai montré des maquettes de bateaux. Un moment il faisait presque nuit, je lui ai dit « écoute, ça va peut-être aller là, non ? Bah, tu vois quand même bien que c’est moi le général, hein, alors tu me donnes le paquet pis on n’en parle plus ». Il m’a dit « d’accord ». C’était des petites meringues, blanches, rondes comme ça. Ah, drôlement bonnes. On les a mangées tous les deux sur la terrasse, sans rien dire.
Méléagan : Si je vous pose cette question, Imperator, vous vous doutez bien que ce n’est pas par hasard. Il y a un moyen de la revivre cette journée.
César : Oh, j’sais bien. J’connais mes classiques.
Méléagan : Et alors ?
César : J’suis pas contre l’principe. Mais heupf… J’ai quand même un peu les foies.